Tiens, après les relativisations de Jean-Yves Camus sur France Inter, c'est au tour de Stéphane François de s'y coller sur le Monde : "naaan, mais ça vient pas de chez nous cette idéologie, c'est anglo-saxon".
Genre, les idéologies d'extrême droite des différents pays ne s'influencent pas les unes les autres, hein. Et le développement de l'extrême droite, c'est que chez les "anglo-saxons", bien sur. Et les théoriciens néo fasciste de l'alt-right américaine ne revendiquent pas l'influence française, bien sur (bah si).
Mais non, en fait, pour Camus comme pour François, la France, notre beau pays des Droits de l'Homme, ne saurait être sali par une association au fascisme, il y est immunisé, et c'est forcément chez les autres que le mal trouve sa source.
Ces types, historiens et politologues, qui sont censés être les spécialistes français de l'extrême droite, ne s'interrogent pas à un seul moment sur la vision idéalisée de la France que peut révéler leur refus de reconnaître que, si, si, la France peut produire un fascisme et l'a déjà fait, no sur le fait qu'un tel refus de se poser la question relève du nationalisme le plus crétin.
Au rythme où ça va, en 2075, quand les équivalents futurs de Paxton et Sternhell sortiront leurs bouquins "La France de Saint-Cloud" et "Le Grand Remplacement - Les racines française du néo-fascisme", faisant redécouvrir à un public effaré l'adhésion dont bénéficiait le régime néofasciste des années 2020 dans une bonne part la population ainsi que l'imprégnation de son idéologie dans les milieux intellectuels de l'époque, les descendants de J.Y Camus et S. François nous ressortirons le bon vieux "Naaan, mais Saint-Cloud n'est pas la France, le pays était immunisé face aux idées néo-fascistes par sa tradition républicaine, voyons. Seuls une minorité de marginaux ont adhéré au produit d'importation que constituait ces thèses, enfin. Et de toute façon, ces chercheurs étrangers, ne comprennent pas les subtilités de l'histoire de notre grand pays..."
PS : je blague un peu amèrement, mais c'est exactement ce qui s'est passé dans les années 80 avec les travaux de Paxton et Sternhell, et Camus comme François sont visiblement bel et bien les héritiers de l'école de la "thèse immunitaire", et c'est bel et bien ce qu'ils reproduisent ici.
Pire, dans le cas de Camus, on a quand même affaire à un chercheur qui il y a un an écrivait un article pour minimiser les critiques qu'il avait émise vis-a-vis de Bat Ye'Or, auteure à l'origine du concept "d'Eurabia", et inspiration majeure de Renaud Camus. Article où il parle de "philo-arabisme", de "complaisance vis-a-vis de l'islam politique" et de politiquement correct. Comment s'étonner qu'ensuite il relativise la violence des thèses "grand remplacistes" ?